Journal de bord

 


Premier jour


« Il n'y a pas de toi caché à l’intérieur ». Est-ce vrai ?

Il y a des pensées. Il y a des sons. Il y a la vue, les émotions et la conscience de tout cela, mais pas de « toi ». Est-ce vrai ?

"Je" est une pensée fictive, un mot sans pouvoir réel ni substance. En fait, "Je" n’a aucun pouvoir !

C’est vrai. "Je" n’a aucune influence sur la réalité du corps et de l’esprit.

Mais cela ne fait pas de toi un néant.

Ne confond pas la conscience d’exister et la croyance d’exister de manière fixe, stable et autonome.

Voilà la réalité : Tu es un être vivant conscient.

Voici l’erreur : je suis différent de mon corps et de ma conscience.

Oui, voici l'illusion : Un agent autonome existe à l’intérieur du corps. Tu serais ce super agent secret.

Tellement secret que je suis introuvable !

 Qu’est ce que « je » alors ?

La conséquence d’un processus d’étiquetage permanent, la fonction cognitive de marquage qui fait son travail: reconnaissance des formes, des objets, perception, attention et simple appellation.

L’esprit marque tout, note tout sous le feu de l’attention.

Ainsi, l’idée de moi navigue d’une chose à l’autre au grès des perceptions.

C’est un processus continu d’identification au corps et aux fonctions de l’esprit.

Quand des pensées passent dans l’esprit, une pensée  "je" est attachée.

Mais, en réalité, il n'y a pas de moi, il n'y a que des pensées sur « moi ».

Et ces pensées  sur « moi » ne renvoient à rien, ne se référent à rien de fixe.

L’esprit crée des pensées, vraies ou fausses.

L’esprit nomme les objets, les émotions, les sons.

L’esprit attache la pensée « je » à une expérience.

L’esprit se nomme conscience, lorsqu’il porte l’attention sur lui-même.

Exactement, ce n’est pas parce que le mot licorne existe que les licornes sont réelles.

Ce n’est pas parce que le mot je existe qu’il désigne quelque chose de réel.

Une rivière c’est de l’eau en mouvement. Il n’y a pas de rivière au-delà ou au-dedans de l’eau. Nous sommes comme des rivières. Des flux de sensations et d’émotions, des flux de pensées et de mémoire. Rien de fixe.

Nous sommes des corps en perpétuel transformation, des consciences en perpétuel évolution. Et c’est déjà pas mal.

Mais d’où vient cette croyance qu'il y a quelqu’un qui dirige ?

Du langage et de l’éducation. De la répétition et de la mémoire.

Le langage crée et protège cette illusion.

Pourtant, il n'y a rien à protéger.

Ce n’est pas facile à comprendre.

Il faut juste observer.

Reconnaitre que « tu » ne fais rien. Comprendre que tu ne peux rien faire, qu’il n’y a pas de propriétaire, pas de gardien du corps et de l’esprit.

Rien n’existe indépendamment, de son propre côté.

J’ai du mal à l’accepter.

Détends-toi !

Je est un mot, un outil, une pensée, une étiquette, une construction mentale.

La sensation de faim se manifeste: « j’ai faim ! »

Le stress est là : « je suis stressé ! »

Une chose réelle – le stress, la faim - devient une possession du « je » irréel.

Ce n’est pas toi qui fait fonctionner  le corps et l’esprit, c’est naturel, c’est même extraordinaire ! Tant de complexité, tant d’intelligence dans cet univers, dans le corps et dans la nature.

Alors, je suis une fiction, un mensonge, un mirage, je suis le père Noël. C’est ça ?

Il n’y a pas de je fixe, immuable, stable et automne. Pourquoi ?

Parce que sous le feu de l’attention, tout devient « moi » ou mien. Mon corps, mon cerveau, mon portable,  mon ami, mon nom. Tout se colore sous le pinceau de la conscience.

Ainsi, Je est un raccourci, une convention.

Comme l’argent ?

Exactement, comme l’argent.

L’argent est une fiction que nous avons crée, hier grâce aux métaux précieux, aujourd’hui avec de simples billets en papier ou quelques chiffres sur un écran.

L’argent est une convention entre nous, crée par le langage.

Toi aussi, tu es né du langage. Toi aussi, tu es une fiction, que tout le monde croit, toi le premier.

Mais quand tu dis : «  toi le premier » A qui t’adresses- tu alors ?

Arrête-moi si c’est faux.

Je suis là, conscient ; conscient des sensations, conscient des sons, conscient de la lumière. Et toi, tu me dis : Regarde, il n’y a personne ! Bien sûr qu’il y a quelqu’un, c’est moi ! Oh, oh, coucou, je suis là, je suis en vie, bien présent. Je sais que je suis là et tu sais que je suis là puisque tu me parles.

Alors, arrête de dire «  Tu n’existes pas ». C’est faux, aussi faux que de dire qu’il n’y pas de montre à mon poignet sous prétexte qu’elle peut être démontée en plusieurs parties.

Je peux agiter la main si tu veux, tu ne t’adresses pas à un mur mais à une conscience.

C’est vrai, « Il n’y pas de toi » est une étrange affirmation.

Tu penses, tu entends, tu vois, tu ressens, parfois tu es heureux, parfois tu es triste.

 Et on te dit « Regarde,  il n y a pas de toi ».

Pourquoi continuer à te parler s’il n’y a personne, pourquoi chercher à te convaincre si tu n’es rien ?

Exactement, C’est bien ce que je te dis : Il y a bien quelqu’un ici : moi !

Si, à l’entrée d’une pièce sombre, je me mets à crier : « Eh, y ’a quelqu’un ? » 

Et si, tout au fond de la pièce, une petite voix me répond : « Non, personne ! »

Vais-je repartir tranquillement en me disant : «  Bon, d’accord, cette pièce est vide » ?

Quand on me dit «  Regarde, il n y a pas de toi », c’est la même chose.

 Je ne peux pas dire : « Ah oui, vous avez raison, cette pièce est vide, il n’y a personne».

Je sais bien qu’il y a quelqu’un puisque c’est moi.

Tu as tout à fait raison.

Tu existes, mais …ce moi n’a rien de fixe.

« Regarde, il n’y a pas de toi fixe  ».

Voilà qui est plus juste.

Fixe, ce simple mot fait toute la différence.

Chercher un moi fixe et ne pas le trouver, ni dans le corps, ni dans l’esprit est tout à fait normal.

Il  n’y a aucun moi fixe et il n’y en aura jamais, heureusement.

Sinon il n’y aurait pas de vie, pas d’évolution, pas de croissance. Tout serait figé en nous et autour de nous. Aucun enfant ne grandirait, aucune plante ne pousserait.

C’est parce qu’il n’y rien de permanent, rien de fixe ou d’immuable, pas même le moi que ce monde est possible.

Alors je n’ai aucun moi fixe, immortel ou immuable mais je suis bien là, bien vivant et conscient. C’est ça ?

Oui. Et c’est déjà pas mal, non ?

 

 



Deuxième jour

 


Quel est ton pouvoir en tant que « Je » ?

J’agis.

Non il y a des actions.

Je signifie juste : Voilà ce qui se passe, ici et maintenant.

Je est une information, une sorte de résumé, un raccourci, une étiquette, un outil, une pensée, une convention, une construction.

Je est une synthèse.

Regarde.

Quand tu dis : « Je mange » 

On pourrait dire, à la place :

 « Voilà ce qu’il se passe : Des aliments sont amenés jusqu’à la bouche grâce aux cellules musculaires du bras. La coordination de ces muscles est contrôlée  par un ensemble de cellules nerveuses. En permanence le cœur bat pour approvisionner les organes du corps en sang rempli d’oxygène. Les cellules gustatives de la bouche et les cellules olfactives du nez transmettent au cerveau des influx nerveux qui apportent aux neurones une information sensorielle suffisamment importante pour entrer dans le champ de l’attention consciente et faire apparaître la pensée : « c’est bon ce que je mange  »

A la place, pour résumé, on dit : « je mange, c’est bon. »

Quand tu dis : « je bois de l’eau », qu’est-ce qui est réel ?

L’eau est réelle.

Oui.

L’écoulement de l’eau dans la bouche jusqu’à l’estomac est réel.

Oui, et toi alors, que fais-tu ?

Rien.  Quand j’ai conscience de l’eau dans ma bouche, la pensée « Je bois de l’eau. » apparait.

Qu’est ce que la conscience ?

Un petit bonhomme assis au milieu du cerveau ?

Non !

Qui a conscience de l’eau, alors ?

?

 

 

  



Troisième jour


La conscience apparaît et te voilà.

Tu es là et bien là. Pas de doute.

Je m’adresse à toi car  il n’y a que toi en cet instant.

Toutes les autres consciences sont occupées dans d’autres corps, sous d’autres formes.

Ici, ces mots sont pour toi.

Regarde ton  prénom. C’est un simple mot, une convention née du langage. Rien de plus.

C’est le moyen de désigner un bon paquet de cellules, des milliards même ! Elles se déplacent ensemble ( « tiens,  je marche »), grossissent ( « Tiens, j’ai pris du poids »), pleurent (« Tiens, je suis triste), espèrent, rient, se multiplient et travaillent ensemble.

Mais ce « toi », où est-il ?

Nulle part. Insaisissable parce qu’inexistant ; introuvable parce irréel,  ce « moi » est une illusion de l’esprit, un rêve, juste un rêve.

Alors, oui, les yeux voient. Les oreilles captent des sons. Et puis, les sensations corporelles, la chaleur, la salive dans la bouche, le sol sous les pieds, la tension dans les bras, tout cela est bien là. L’univers tout autour de ce corps, ces muscles qui fonctionnent, cet esprit qui s’agite, ces désirs qui montent, ces pensées qui se déversent au fil de la journée, tout cela est bien réel.

Mais pour qui ? Pour toi ?

Non.

Tu es absent, introuvable comme l’eau du mirage.

Alors réjouis-toi.

Ce qui n’existe pas ne peut disparaître.

Ce qui n’existe pas ne peut être perdu.

Ce qui n’existe pas ne peut mourir.

Réjouis-toi, car tu ne peux pas mourir.

Réjouis-toi,  car il n’y a personne, ici, au milieu de cette chair, au milieu de toutes ces cellules, au centre de cette vie en mouvement, qui puisse disparaître. C’est un tour de passe passe, une blague, une fable.

La mort ne te concerne pas. Les cellules meurent, se renouvellent heureusement, mais pas toi, parce que tu n’existes pas.

Tu es une forme de vie, un aspect de la conscience en mouvement.

Là est le miracle, le vrai miracle.

Tu n’as rien à prouver, rien à espérer, rien à attendre. Tout est là.

Quelque soit l’endroit où tu vas, quelque soit ce que tu fais ou ce que tu ne fais pas, cela ne change pas ce que tu es. Une illusion, un mirage, un voile recouvrant le multiple, un fantôme dans une boite, un personnage, une fiction.

Alors, arrête d’emporter partout cette croyance erronée : « Je suis le maître de mon corps et de mon esprit. »

Bien petit maître, ballotté au gré des humeurs, de la fatigue, des émotions et des perceptions.

Lâche cette croyance. Que reste-il ?

Un miracle !

L’univers entier au creux de la main.

Pour quelques années de conscience,  pour que tu sois là, à cet instant, il a fallu l’univers entier.

Tu n’existes pas par toi-même. Réveille- toi ! Tu es une illusion de l’esprit, un rêve.

Un rêve d’éternité, un rêve d’unité.

Juste une pensée : «  je ». Sans référence.

Juste une croyance dans l’esprit qui s’observe : « moi ».

Un rêve extraordinaire mais un rêve quand même.

Alors, qui écrit ces lignes?

 Personne. Il n’y a personne à la maison. La maison est vide.

Qui lit ces lignes ?

Personne non plus. Il n’y a personne qui commande au milieu du cerveau. C’est un jeu.

Processus extraordinaire, incroyable, spontané, intelligence en action, mais tu n’y es pour rien.

Comprends-tu ?

Tu n’existes pas.

Tout les phénomènes, des étoiles aux animaux, des nuages aux hommes, des volcans aux abeilles, rien n’existent par lui-même. Pas de nature propre, introuvable.

Souffle sur cette croyance d’être séparé, éteins cette illusion. Que reste-il ?

Ce qui se croit séparé n’est pas réel. Tout le reste est réel. Pas de petit toi miniature, assis au centre. Non !

Mais des milliards de neurones qui travaillent ensemble et créent cette unité que tu appelles « moi »,  que les autres appellent « papa », « Monsieur » ou « mon ami ».

Juste des mots, rien que des mots recouvrant un grand vide.

La pensée est un processus créatif. Les mots viennent à l’esprit et c’est tout.

Tout est bien là, sauf toi. Comment est-ce possible ?

Pourquoi chercher à comprendre que je suis une illusion du cerveau … si je suis une illusion du cerveau ?

Juste pour rire.

Apaise-toi et profite du spectacle. C’est un jeu.

Etre libre de peurs c’est être ouvert aux autres.

Arrête d’avoir peur, il n’y a personne à la maison.

C’est un don. Tout est donné.  Rien ne t’appartient.

Mais peut-on vivre avec les autres sans dire « moi », « toi », « elle », « lui » ?

Non, il faut continuer à jouer, à communiquer, transmettre, se comprendre.

Le cerveau est une merveilleuse machine biologique. Il stocke, compare, coordonne, analyse, synthétise toutes les informations. 

Mais a-t-il besoin de toi pour fonctionner ? Non, « je » n’est qu’une pensée.

Pensée utile pour la communication mais rien d’autre.

Sans cette pensée « je », sans cette illusion, sans cette fiction, la conscience d’être ne disparaît pas.

Mieux, sans le poids de cette idée, tout est plus léger.

Lundi matin. Sept heures. Réveil. Premières pensées. J’ai faim. Je dois aller travailler.

Cette faim est réelle. Cette obligation est réelle. Pour le reste, non. Pas de je.

La  croyance  « je » filtre la réalité ; elle déforme la perception de la réalité. Elle transforme une orange en mon orange, une histoire en mon histoire.

Il n’y a aucun toi, contrôlant le corps ou pensant les pensées.

Etre en vie c’est gratuit.

Il n’existe aucune preuve que le moi soit réel, qu’il y ait quelque chose derrière ce mot : « je ».

Personnage imaginaire.

Mais quelle genre d'illusion faut-il pour que des milliards de personnes ne la voient pas ? Il faut que ce soit vraiment impensable, non ? 

Tu veux savoir quel est le mensonge? C'est toi. Tu es le mensonge.

Il n'y a pas de Père Noël et il n'y a pas de toi.

 

 

  


                Quatrième jour


Voilà. Je suis là, planté devant l'écran et j'attends. Je répète en boucle: "il n'y pas de moi, il n'y pas de moi fixe."

Est-ce vrai ?

Je vois, j'entends, je sens. Drôle de "je".

Qui es-tu, petit je ? Où te caches-tu ?

Tu sembles être là en permanence, revendiquant tout ce qui traverse la conscience

Toujours à crier : "moi, j'aime ceci", "moi, je fais cela" mais on ne te voit jamais ! Pourquoi ?

Quand je marche,  je ne perçois pas la complexe mécanique d'influx nerveux, de contractions musculaires nécessaire à la marche de ce corps.

Alors "je" marche, c'est le langage qui est trompeur.

Quand j’écoute, je ne perçois la complexe mécanique nécessaire à l’audition, alors  « j’ »entends.

La conscience des objets, des couleurs, des bruits,  la conscience du corps, des doigts du dos, de la tête est bien là.

Mais qui a conscience de tout cela?  Un "moi ", une personne avec un prénom, cachée derrière les yeux ?

"Je" ne pointe rien parce qu'il se rapporte à tout.

Je est un mot, une bannière, une simple étiquette pour marquer le corps et l’esprit, ses mouvements, ses actions, ses sensations, ses douleurs, ses pensées, ses désirs, ses peurs, ses rêves, ses croyances, tout y passe.

Mais lui- même, ce "je" signifie-t-il réellement quelque chose ?

Il n'y a rien ici ; rien qui puisse s'appeler "je"  quelle que soit la direction où se pose le regard.

Le corps ? Non, c'est mon corps, pas "je" lui même

L'esprit ? Non, c'est mon esprit, pas "je" lui-même.

Je suis introuvable.

Pourquoi ?

Car je n'existe pas ?

Vraiment ? 

Je  est un mot, une pensée, une croyance, rien de plus, rien de fixe, ni de séparé, indiscernable. Mirage. Fonction de l'esprit en action.

Reconnaître, nommer, concevoir. La blancheur n'existe pas en elle-même, la personne non plus. Je ? Un mot, une idée répétée cent fois, mille fois

je marche ... je marche...

Non, il n'y a personne pour posséder le corps, pas de propriétaire, ni d'agent caché quelque part à l'intérieur du corps, pulsions, action, réaction, interprétation consciente du tout cela :  appelons le "je".

Le sens commun (la signification des choses)  vient avec les mots. Le langage permet de créer des abstractions. Tu en est une.

Qui pense,  qui respire, qui ressent ?

Personne de fixe.  Cela se passe. Des pensées n'appartenant à personne, des respirations sans contrôleur, des sensations sans propriétaire,  juste l'univers en action.

Mais répéter : « Je n'existe pas, je n’existe pas » ne sert à rien ; ce ne sont pas des mots magiques.

Alors, observe. C'est tout.

 « Je n'existe pas. » Est-ce vrai ?

Vers quoi pointe le mot « je » ?

Je ne vois rien ! Je ne sais pas !

« Je n'existe pas. »  Est-ce vrai ? Cherche la vérité sur cette affaire.

Arrête de lire et vis ce moment particulier, ce moment unique.

Pour toi, rien d'autre ne compte dans l'univers entier que ce moment.

Alors , qu'est ce que tu attends ?

Regarde, il n'y pas de toi

Je ... une pensée

Toi... une fiction

Te voilà arrivé devant la porte que tu cherches.

Mais tu n'oses pas avancer.

Tu te distrais, tu tournes autour, tu repousses, tu t'énerves, tu rêves.

Tu résistes, encore et encore.

"Non tout cela est faux !" penses-tu.

Il y a bien un moi, c'est la conscience d'être là. Quelque soit ce que je suis, l'important c'est que je sois conscient.

Et si je suis conscient d'exister, si je suis conscient d'être là, je ne suis pas rien, sûrement pas une illusion ou un mirage. Tout cela est incohérent, tout cela est faux.

Bon, arrêtons les distractions, arrêtons les « pensée de ». 

 Je suis un homme.

 Pensée d’identité

Je veux être libre.

Pensée du futur

Je n’y arriverai jamais.

Pensée d’échec

Rien que des pensées qui passent.

Allez, tu peux résister ou faire semblant d'avoir compris.

Mais tu n'as rien compris, rien vu, tu tournes en rond.

Comment avancer ?

Lâche prise, lâche prise, petit je.

Tu ne peux rien faire. N'aie pas peur, détends-toi.

Il ne peut rien t'arriver de mal.

A quoi t’accroches-tu si fort ?

Je vais tout perdre. Je ne crois plus en rien.

Tu veux dire : Il n'y a plus de croyances c'est ça ?

Oui, je suis vide. Je n'ai plus d'espoir.

Si je n'existe pas, alors personne n'existe ni ma femme, ni mes enfants, ni mes amis.

Arrête ! Tu dis n'importe quoi !

Oh le joli moi tout triste !

Il n'a plus rien mais lui ... il est encore là, à pleurnicher et à se prendre pour le centre du monde.

Que veux-tu vraiment ? Dis-le une fois pour toute.

Demain matin toi et tes centaines de milliards de cellules tu vas découvrir une nouvelle vie mais ça ne sera plus toi ni tes cellules.

Promesses ! Rien que des promesses !

Tu es un mirage, tu n'es pas réel, il n’y a jamais eu de moi fixe, permanent, immuable, autonome, au commande.  Ton prénom ne renvoie à rien. C’est un abus de langage. C'est une habitude pratique.

Personne.

Une construction, une tour d'un mètre soixante quinze.

Un corps en vie, un univers entier sans petit je.

Regarde

Tu ne comprends pas ?

Laisse aller.

Rien de fixe.

Rien.

Tu n'existes pas.

Qui écrit alors?

Ce qui a composé la musique que tu écoutes, ce qui a crée l'univers que tu regardes, ce qui attend patiemment le réveil de ce rêve.

Le rêve d'être une conscience prisonnière d'un corps voué à la destruction et à la disparition.

Il n'y pas de prison. Parce qu'il n'y a pas de prisonnier !

Que dois-je faire ?

Être honnête. Séparer le vrai du faux 

Les actions du corps et de l'esprit font naître la pensée: «  je »

Mais cette pensée est fausse.

Ne perds pas ton temps. Concentre-toi sur l'instant. Essaye de trouver la chose exacte qui est toi. Ne cherche pas ce que tu aimes ou ce que tu détestes, ni ce que tu dois faire ou penser. Cherche la chose exacte qui est toi.

Regarde s'il y a vraiment un toi qui existe.

ll y a la pensée que cela existe.

Bien sûr il y a cette pensée d’existence.

Mais ce n'est qu'une pensée.  Il n'y a jamais eu de toi immuable, c'est une fiction.

Alors qu'est-ce que cela signifie ?

Tu ne retires rien. Ce n'est pas comme si tu te détruisais toi-même. Il n' y a rien à détruire. C'est le point crucial.

Ce qui n’existe pas ne peut disparaître.

Ce qui n’existe pas ne peut être perdu.

Comprends-tu ?

...

Oui ! Enfin...

«  Un jour, deux amis qui ne s’étaient pas vus depuis longtemps se retrouvent :

-  Qu’est-ce que tu deviens ? demande le premier

-  Oh moi, ça va très bien, aujourd’hui je suis quelqu’un d’important,  de très important même !

-  Plus important que la reine d’Angleterre ?

-  Oui, plus important.

-  Plus important que le président chinois ?

-  Oui, je suis au dessus, bien au dessus.

-  Plus important que Dieu ?

-  Exactement, je suis au dessus de Dieu !

-  Mais au dessus de Dieu il n’y a rien…

-  C’est ça !  Je ne suis rien. »

 

 

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